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Maurice Rollinat (1846-1903)
Du Berry au Berry en passant par « Le Chat Noir »
Soirée du 25 juin 2001

Par Pierre Blavin

Le 8 novembre 1882, en première page du Figaro, un article retentissant rend compte de l'apparition d'un poète prodigieux qui triomphe d'ores et déjà dans bien des salons, dans bien des cafés et dans les soirées du Chat Noir. Et il annonce la parution prochaine d'un recueil de poèmes qui fera date. Le poète, c'est Maurice Rollinat, que, trois jours auparavant, Sarah Bernhardt a présenté avec un grand succès à quelques personnalités du Tout-Paris ; le recueil annoncé sera intitulé Les Névroses.

Or, le 26 octobre 1903, Maurice Rollinat meurt dans l'indifférence du monde littéraire ; à ses obsèques, nul écrivain ne s'avança pour lui rendre un dernier hommage.

Que s'était-il passé ? Le recueil Les Névroses n'était paru qu'en février 1883, c'est-à-dire trois mois après la tapageuse annonce. On parlerait aujourd'hui d'une « grosse erreur de communication ». Peut-être aussi ceux qui s'étaient enthousiasmés à l'écoute des poèmes dits ou chantés par leur auteur n'ont-ils pas retrouvé leur émotion dans le texte écrit. Quoi qu'il en soit, même si plusieurs très bonnes plumes du temps ne ménagèrent pas leurs compliments, le triomphe escompté ne fut pas au rendez-vous. En juillet de la même année, le poète blessé par certaines réactions, dont celle de Verlaine, quitte Paris pour rejoindre son Berry natal.

Il publiera bien par la suite plusieurs recueils mais aucun n'obtint de grand succès. Son œuvre aurait injustement sombré dans l'oubli sans le bas-relief de Rodin inauguré à Fresselines en 1906, le buste plus tard érigé, en 1939, à Châteauroux, celui aussi qui orne une cheminée au Musée de Montmartre et surtout l'activité depuis 1946 de la Société Les Amis de Maurice Rollinat », aujourd'hui présidée par M. Régis Miannay, à qui l'on doit une thèse de doctorat sur le poète et la réédition, dans les années 1970, chez Minard des deux premiers recueils, Dans les brandes et Les Névroses. Leurs notices généreuses et quelques articles lus dans des bulletins de l'Association m'ont beaucoup aidé pour réaliser cette présentation. Quant aux textes des autres recueils, Les Apparitions, Paysages et Paysans, La Nature, Le Livre de la Nature, Les Bêtes, j'ai pu les lire sur le site Internet de la Bibliothèque Nationale de France, où il est possible de le faire aussi sur les éditions papier, selon certaines conditions pour les éditions épuisées du XIXe siècle.

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