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Maurice Scève, La Délie, invitation à un parcours poétique choisi
Soirée du 27 octobre 2014

Par Barbara Pillot

La Cave à poèmes, ancien relais de poste au 16e siècle paraît-il, devenu ces vingt dernières années, relais de poésies, vous invite à un voyage au cœur des écrits de Maurice Scève, ce grand poète lyonnais de la Renaissance tombé en relative désuétude. Le recueil Délie, objet de haute vertu se présente comme un livre de poèmes d'amour, dédié à la muse du poète, une mystérieuse Délie. Cet ouvrage, paru en 1544, a marqué un tournant capital dans la littérature française naissante, et ce, à divers titres, dans un domaine poétique encore largement dominé à cette époque par les littératures italiennes, espagnoles et latines.

Économe en écriture, Maurice Scève ne compte vraiment que trois écrits majeurs à son actif, Les Blasons, Délie, objet de haute vertu et Microcosme. Venu à la littérature en langue française par ses premiers écrits de traducteur de textes espagnols et italiens, Maurice Scève se montre toutefois peu soucieux de prendre place dans le débat en cours à l'époque sur la défense de la langue française, quoique ses contemporains l'aient considéré comme « le Dante français ». Maurice Scève n'a pas laissé trace de traités sur le sujet. Il n'a pas davantage pris soin d'assurer sa renommée en se livrant aux jeux des dédicaces mutuelles qui inscrivaient traditionnellement les poètes dans un cercle donné. Bourgeois lyonnais né en 1501 ou 1502, sans certitude avérée, homme discret à la fortune bien assise, issu d'une famille de juristes, de mœurs modestes, il n'a laissé à la postérité aucune information biographique notoire. Après sa mort, datée probablement en 1563, qui n'a pas été saluée par les traditionnels hommages en vogue alors, son œuvre a sombré dans l'oubli et n'a reparu véritablement dans les milieux littéraires qu'au 19e siècle, grâce, entre autres, à une anthologie poétique de Sainte Beuve. Le style bien particulier de la langue de Maurice Scève ainsi que l'usage très original des emblèmes dans la Délie a cependant donné le ton à toute une génération de poètes aussi célèbres que Clément Marot, Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, et plus tard, Stéphane Mallarmé.

Dans cette soirée, nous vous avons proposé de partager, avec le violoncelle de Louise Audubert et la voix de Jeanne-Marie, une sélection de dizains choisis parmi les 449 qui composent la Délie, pour apprécier une certaine forme originale de sensibilité littéraire, dont la nouveauté stylistique marqua la création poétique française au 16e siècle.

Barbara Pillot, Jeanne Marie, Louise Audubert

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