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Entre Berry et Paris
Au moment de la mort de son père, Maurice Rollinat, plus ou moins contre son gré, était clerc de notaire à Orléans, après l'avoir été à Châteauroux. À l'automne de 1868, s'inscrivant en première année de licence de Droit, il s'installa à Paris. Mais il y resta très peu de temps et n'y retourna qu'en 1871, après la Commune. Il fréquenta alors des jeunes gens qui admiraient Hugo et s'affichaient comme socialistes et il participa à leurs efforts vains pour obtenir la grâce d'un jeune Communard, Rossel. C'est le seul acte militant que l'on connaisse de sa part.

En 1872, avec l'aide de George Sand, il obtint un emploi à la mairie du VIIe arrondissement comme préposé à l'enregistrement des naissances et des décès. À partir de ce moment, on le vit souvent en compagnie de poètes qui réagissaient contre le Parnasse et cherchaient de nouvelles voies pour la poésie : Jean Richepin, Germain Nouveau, Maurice Bouchor, Charles Cros, Émile Goudeau, Georges Rodenbach entre autres. Tous ces gens, qui furent affublés par la suite du qualificatif de « décadents », se trouvaient ou se trouveront peu ou prou en phase avec des mouvements plus ou moins farfelus, comme les « fumistes », les Hirsutes, les Jemenfoutistes, les Zutistes, ou les Incohérents.

1878 est une année importante pour Rollinat, sur le plan sentimental et sur le plan littéraire. En janvier, les parents de Marie Sérullaz (le père était agent de change et aurait aimé avoir un gendre capable de lui succéder) acceptent enfin que leur fille épouse Maurice. Ils s'aimaient depuis longtemps et, lorsque Maurice était à Paris, ils s'écrivaient souvent. Mariée, Marie suit alors Maurice à Paris. Mais le bonheur fut de courte durée, il semble que Marie avait cru pouvoir mener une vie mondaine, le style plutôt décontracté des rencontres entre poètes plus ou moins désargentés ne fut pas de son goût et elle ne tarda pas à quitter Maurice. La séparation fut définitive, bien qu'il n'ait pu être question de divorce, ces choses ne se faisaient pas dans les familles d'agents de change de province ! Certains commentateurs attribuent à la peine que ressentit alors Rollinat la misogynie parfois présente dans ses poèmes.

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