Version imprimable

Hommage à Izumi Shikibu
Poétesse japonaise du XIe siècle

Soirée du 28 juin 2010

Par Jeanne Marie

Née au Japon vers 978-979, sous la dynastie des Fujiwara, Izumi Shikibu appartient à la noblesse moyenne de Cour, ses parents étant d’ascendance impériale lointaine. Les renseignements biographiques concernant Izumi Shikibu sont rares et il faut y mettre quelques réserves ; il est avéré qu’elle a vécu à la période dite de Heian. La ville de Heian (qui s’appellera plus tard Kyôto) est la capitale du Japon depuis 784 avec l’installation de la Cour Impériale. Là culminent les styles artistiques inaugurés à la Cour de Nara sous les Empereurs Shiômu et Kuamu-Tenô.

La vie de la poétesse japonaise Izumi Shikibu fut scandaleuse. La rumeur lui prêta beaucoup d’amants. Elle en eut, certes, et surtout deux frères, tous deux Princes. Il semblerait qu’elle ait fini ses jours retirée dans un monastère.

Au-delà des soupirs d’alcôves, la postérité a conservé son talent. En tant que femme, je suis sensible à son indépendance, sa liberté insolente, mais surtout à la beauté de son écriture qui évoque avec pudeur et passion à la fois les mouvements intimes du cœur aux saisons de sa vie.

Et déjà dans sa jeunesse, dans l’enchantement de sa poésie amoureuse, que j’espère vous faire partager à travers ses Élégies et son Journal, résonne une voix qui annonce son ultime voyage sur les chemins de la sagesse.

La légende d’Izumi Shikibu « fille de joie, femme volage » a beaucoup inspiré la littérature, les fables et les livres de contes. Des siècles après sa mort, les affabulations couraient encore sur son compte la transformant en fille de joie, changeant et confondant les personnages de sa vie.

Mais sa renommée posthume prend de l’ampleur lorsque l’imprimerie se généralise au Japon à partir du XVIIe siècle. Son Journal et ses Recueils ont été transmis à travers les siècles par la copie de manuscrits. Le principal manuscrit de la première version est une copie retrouvée au XVIIe siècle, datée de 1414 - manuscrit authentifié par le sceau de Fujiwara no Tamétada.

Au XXe siècle, une féministe japonaise, la poétesse Yosano Akiko (1878-1942), a réhabilité la réputation d’Izumi Shikibu par ses écrits au lyrisme passionné. « Izumi est cette rose sous une lampe dont la lumière accentue les ombres [...] elle n’est pas cette esclave de l’amour, mais une femme libérée ».

_______
Le dessin est de Kikushi Yosai (1781-1878).

 

 

Suivant