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Hommage à Théophile Gautier (1811-1872)
« La perfection dans la grâce » (Sainte Beuve)

Soirée du 13 décembre 2010

Par Pierre Blavin

Dans le chapitre II de son roman Le Capitaine Fracasse, au milieu de descriptions minutieuses, Théophile Gautier livre cette remarque : « L’artifice de l’écrivain a cette infériorité sur celui du peintre, qu’il ne peut montrer les objets que successivement  ». Et pourtant voilà bien trente ans qu’il a délaissé les pinceaux pour la plume. Les batailles littéraires autour de Victor Hugo, son idole, l’ont passionné ; au moment de celle d’Hernani, en 1830, il n’a pas encore vingt ans. Le jour de la première, beau « soldat de l’armée romantique » rassemblée pour soutenir Hugo, il s’est fait remarquer par sa véhémence et par la couleur de son gilet. Était-il rouge, était-il rose, ce gilet ? On en débattit longtemps. Au chapitre X de l’Histoire du romantisme, qu’il commencera à écrire à la fin de sa vie, il s’est lui-même amusé en un récit plein de verve de ce qu’il a appelé « la légende du gilet rouge », précisant notamment : « pour éviter l’infâme rouge de 93, nous avions admis une légère proportion de pourpre dans notre ton, car nous étions désireux qu’on ne nous attribuât aucune intention politique ». On croit savoir finalement que ce fameux gilet était « à la fois cerise et vermillon de la Chine porté sur un pantalon gris tendre orné de deux larges bandes de velours noir  ».

Reproduction d'un dessin de Benjamin Roubaud, 1842. « La Grande Chevauchée de la Postérité » : monté sur le Pégase romantique, Victor Hugo, «roi des Hugolâtres, armé de sa bonne lame de Tolède et portant la bannière de Notre-Dame de Paris», emmène en croupe Théophile Gautier (sic), Cassagnac, Francis Wey et Paul Fouché. Eugène Sue fait effort pour se hisser à leur niveau et Alexandre Dumas presse le pas, tandis qu'Alphonse de Lamartine, dans les nuages, se «livre à ses méditations politiques, poétiques et religieuses». Suivent Honoré de Balzac et Alfred de Vigny.
Domaine public, Maison de Balzac, Paris.

Wikipédia - Légende signée Mazeppa

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Ouvrage consulté principalement :
Œuvres poétiques complètes, préface de Michel Brix, éditions Bartillat, 2004.

Sur Internet
- Site de la Société Théophile Gautier.

- On peut lire les poèmes notamment sur Wikisource.

 

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