Version imprimable

Le fantôme d’Ursule

Une nuit, - vous allez bien sûr être incrédule,
J'étais au coin du feu, lorsqu'en me retournant,
Je vis debout dans l'ombre un hideux revenant.
Minuit sonnait alors à ma vieille pendule.

« Me reconnais-tu, hein ? » dit-il en ricanant.
Et son ricanement fit un bruit de capsule.
Il ajouta : « Je suis le fantôme d'Ursule.
Je te parlais d'amour jadis, mais maintenant,

J'aurai, vivant cadavre échappé de ma bière,
Une loquacité féroce de barbière
Pour te parler de mort, à travers mon linceul. »

Cela dit, l'être blanc s'enfuit dans les ténèbres.
Et j'entends chaque nuit, lorsque je suis tout seul,
Un long chuchotement de paroles funèbres.

Maurice Rollinat
Les Apparitions, 1896.

PrécédentSuivant