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Sous une forme classique, une œuvre riche et novatrice

En me plongeant dans cette riche biographie, je me suis aperçue à quel point j'avais fait erreur en pensant avoir affaire à un poète plus ou moins connu, étant donné que Salmon, malgré les vicissitudes inhérentes à tout parcours humain, a au contraire largement connu et la notoriété et les honneurs (sauf une brève période), et eu, dans l'ensemble, une vie qu'on peut estimer comblée. Cependant, cela m'a permis d'entrer plus avant dans une œuvre poétique qui me paraît avoir de multiples qualités, à la fois œuvre de précurseur et en même temps d'une beauté classique formelle qui séduit par la variété de son inspiration et les vifs imaginaires qu'elle nous procure.

Je reprendrai pour conclure la dernière ligne de la préface de Serge Fauchereau parue dans l’édition de 1986 de Carreaux et autres poèmes chez Gallimard, qui attribue à André Salmon, « une place un peu en retrait mais définitive près de ses amis Guillaume Apollinaire et Max Jacob ».

Mais surtout j’ajouterai que cette appréciation du poète, cette opinion assez généralisée sur son œuvre, qui remonte à plus de 20 ans et même bien avant, car elle était en fait l’opinion courante depuis ses dernières œuvres des années 1950/60, cette estimation semble justement, et précisément maintenant, revue bien à la hausse, pour parler comme à la bourse (chic, une valeur qui monte, en ces temps moroses, voilà une bonne nouvelle !). Pourquoi maintenant : d’abord parce que la « jeune génération », entendez « la génération actuelle » semble avoir redécouvert André Salmon - tout comme moi, qui me range du coup dans le camp de la « jeune génération », c’est toujours ça de pris ! - et à la lumière de nouvelles analyses de son œuvre dans le contexte de son époque à lui, estime qu’en fait Salmon mériterait une place de tout premier plan, non plus du tout en retrait, et en tout cas une place d’égal. Et ensuite parce que le 12 mars 2009 marquant le quarantième anniversaire de la mort du poète a vu un important colloque se tenir à Sanary, sous l’égide notamment de Jacqueline Gojard, qui se spécialise dans l’étude approfondie de l’œuvre d’André Salmon en vue de sa réévaluation et de sa plus large diffusion auprès du public de nos jours.

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