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L’entrée dans la carrière diplomatique et la naissance de Saint-John Perse
1911- 1925

Après de nombreux voyages au cours de l’année 1911, Londres, Hambourg où il rencontre poètes et écrivains, il prépare le concours des Affaires étrangères, où il est reçu en avril 1914. Il est attaché à la Maison de la Presse créée par Philippe Berthelot pour contrecarrer la propagande de guerre allemande. Il a alors une liaison avec une romancière danoise Karen Bramson qui est davantage une amitié amoureuse comme toutes celles qu’il cultivera sa vie durant.

En août 1916, sur sa demande, Léger est envoyé en Chine où il est consul suppléant de 2ème classe à Shanghaï ainsi que secrétaire intérimaire à la légation de Pékin. Le pays est alors affecté par la guerre civile. Il s’installe à Pékin jusqu’en 1921 dans le quartier des légations. En dehors de son travail, il mène une vie de diplomate occidental, mais voyage aussi dans le pays. En 1917, il est nommé secrétaire de la Conférence des ministres alliés jusqu’à la signature du traité de paix en 1919.

Il écrit Anabase : le terme « étranger » entre dans l’œuvre pour n’en plus sortir ; il est employé 7 fois dans Anabase : « Car le soleil entre au Lion et l’Étranger a mis son doigt dans la bouche des morts. Étranger. Qui riait. »

L’Étranger, c’est le poète qui devient l’interprète du monde. L’anabase signifie à la fois « montée en selle » et « expédition vers l’intérieur », vers l’intérieur des terres et vers l’intérieur de soi.

Les 2 années de retour à Paris sont fécondes sur le plan littéraire : entre 1921 et 1923, il achève Anabase et commence d’autre poèmes. Le pseudonyme est alors adopté : Saint-John Perse. Léger se met sous la protection d’hommes de la parole, les deux Saint Jean, le baptiste et l’évangéliste. Le poète n’est-il pas un nouveau « bouche d’or » ? Par ailleurs, l’une des îles Vierges aux Antilles s’appelle Saint-John. Perse est le nom du poète latin dont quelques vers figurent en exergue d’Oiseaux et celui de la région parcourue par les conquérants d’Anabase. Conformément aux habitudes de l’époque, le pseudonyme protège l’homme public et l’homme privé. Le poète n’habitera plus que son nom.

L’homme de lettres va ensuite se taire jusqu’à l’exil américain.

© M.-F. Reboul

 

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