Sur les 127 chansons de Fanon que Joseph Moalic a répertoriés, il en a repéré 52 sur le thème de l’amour, pas loin de la moitié, dont la majorité comporte des passages nostalgiques ou dramatiques. Il est formel : la plupart de ces chansons ont une forte base biographique. Mais, en même temps, le poète brouillait à plaisir les pistes, recomposait la réalité, mélangeait les êtres et les époques. Dans « SOS Marie », se trouvent probablement mêlés des évocations concernant la jeune fille malade du roman La Transparente et des détails pris dans sa vie avec Nadette. Telle chanson qu’il avait écrite pour telle femme était dédiée à une autre. L’« Ultima canzone », toutefois, est, elle, bel et bien dédiée une fois pour toutes à sa chère Pia Colombo, admirable intrerprète, celle que d’aucuns voyaient comme la vraie héritière de Piaf par le talent, et qui est morte d’un cancer en 1986. Il avait aussi écrit pour elle le Requiem autour d’un temps présent, œuvre, paraît-il, magnifique, que Pia a interprétée avec quatre musiciens en 1979 et 1980 à Lausanne, à Aubervilliers et enfin, dans une version écourtée, à l’Olympia. Selon la présentation qu’en avait faite le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, ce n’était ni un récit, ni une suite de tableaux, ni du théâtre, c’était « tout cela à la fois. Spectacle complet volontairement original et souple dans sa conception, poème lyrique ou caf’ conc parodique [...] ».

© P. Blavin

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