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Enfance et formation artistique

Son père, Joseph Ferré, est directeur du personnel du Casino de Monte-Carlo.

Son oncle maternel, Albert Scotto, ancien violoniste dans l'orchestre de Monte-Carlo, est directeur du théâtre au Casino. Léo, grâce à lui, assiste aux spectacles et répétitions qui ont lieu à l'Opéra de Monte-Carlo. Il y entend les chanteurs célèbres, découvre l'opéra, les œuvres symphoniques. Il sera fort impressionné par Maurice Ravel.

À sept ans, il est dans la chorale de la maîtrise de la cathédrale de Monaco, y découvre le chant polyphonique.

À neuf ans, il est envoyé au collège Saint-Charles de Bordighera, en Italie, tenu par les Frères des Écoles chrétiennes. Il y reste huit ans. Il y approfondit sa connaissance du solfège et joue du piston dans l'harmonie.

À quatorze ans, il compose le Kyrie d'une messe à trois voix et une mélodie sur le poème « Soleils couchants » de Verlaine (Il réutilisera cette mélodie trente ans plus tard, inchangée, lors de ses mises en musique du poète.).

De retour à Monaco, il devient critique musical pigiste pour Le Petit Niçois. Il approche ainsi des chefs d'orchestre prestigieux. Il redécouvre la musique de Ravel dirigée par Paul Paray, ainsi que le « Boléro » et « la Pavane pour une infante défunte », dirigés par Ravel en personne.

Il passe et obtient son baccalauréat de philosophie au lycée de Monaco. Son père refuse qu'il s'inscrive au Conservatoire de musique pour parfaire sa formation.

En 1935, il va à Paris pour y faire des études de droit et Sciences Po (section administrative). Il peaufine son apprentissage du piano en autodidacte en même temps qu'il travaille l'écriture.

Il revient à Monaco en 1939, avant d'être mobilisé cette même année. Sa vocation de compositeur s'affirme après sa démobilisation en août 1940.

En 1940, à l'occasion du mariage de sa sœur, il écrit un Ave Maria pour orgue et violoncelle, un Benedictus et un Agnus Dei, et commence la mise en musique de chansons écrites par une amie.

Avec ce répertoire, il se produit pour la première fois en public le 26 février 1941, au Théâtre des Beaux-Arts de Monte-Carlo, sous le pseudonyme de Forlane. Ses premiers textes personnels datent de ces années-là. Il présente trois chansons à Charles Trenet, qui lui conseille de ne pas les chanter lui-même et d'écrire pour les autres. Au début Léo ne chantait pas très bien, il travaillera sa voix et deviendra un bon chanteur.

En 1943, René Baer lui confie des textes qu'il met en musique et qui deviendront des succès : « La Chanson du scaphandrier » fut reprise par Claire Leclerc, Henri Salvador et Eddie Constantine.

La même année, Léo Ferré épouse Odette Schunck, rencontrée en 1940 à Castres. Le couple s'installe dans une ferme à Beausoleil près de Monaco et tente de vivre comme fermiers.

En 1945, alors qu'il est toujours « fermier » et occasionnellement « homme à tout faire » à Radio Monte-Carlo, Léo Ferré rencontre Édith Piaf, qui l'encourage à tenter sa chance à Paris.

« Ils broyaient du noir », « L'opéra du ciel », « Suzon », sont les plus vieux enregistrements connus de Léo Ferré. Ils ont été retrouvés par son fils, Mathieu Ferré, dans le bureau de son père parmi une demi-douzaine d'enregistrements sur disque en « pyral » (constitué d'une feuille d'aluminium ou de zinc recouverte d'une laque). Mêlés à un amoncellement de partitions et de manuscrits, ils sont pour la plupart totalement inutilisables et seules trois chansons ont pu être « récupérées ». Si la date et les circonstances de ces enregistrements demeurent inconnues, tout laisse à croire que c'est dans les années 1940 que Ferré les a gravés.

Le livret du double CD Long Box Les années Le Chant du Monde 1947-1953, texte de présentation Robert Belleret (sorti en 1998 post mortem), sort ces chansons de l'anonymat où elles sont restées durant plus de cinquante ans et les propose au public pour la première fois...

À la fin de l'été 1946, Léo Ferré s'installe à Paris. Il obtient un engagement de trois mois au cabaret Le Bœuf sur le toit où il s'accompagne au piano.

En avril 1947, Ferré accepte de faire une tournée en Martinique. Pas payé, faute d'argent, il fait six mois de petits boulots pour revenir.

À son retour, il commence à fréquenter le milieu des anarchistes espagnols, réfugiés en France à cause du franquisme.

Pendant sept ans, il se contentera d'engagements aléatoires et épisodiques dans les caves à chansons de Paris. Il finit par se faire une petite réputation « dans le métier ». Il place des titres chez les interprètes de l'époque : Yvette Giraud, Renée Lebas, Édith Piaf, Henri Salvador, Marc & André, Yves Montand et Les Frères Jacques.

C'est avec Catherine Sauvage qu'il va trouver sa plus fidèle interprète et ambassadrice (60 titres de Ferré chantés et enregistrés).

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Serge Carbonnel, Léo Ferré : de multiples talents ! 3/7

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