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Instantanés

De la vase des jours
extraire les pépites
et de leur gangue autour
- coquille où je m'abrite -
les sucer jusqu'à l'or.

                 *

La nuit me débarqua fraîchement dans le jour
Avec mes songes empaquetés sur le quai
Qu'aussitôt le voleur du matin aux aguets
Emporta prestement sans souci de retour.

                                         *

Nous sommes embarqués dans le même bateau
Nous tous toi moi les autres la génération
Des contemporains : eh, oh , la navigation
nous appartient, tirons ensemble vers le haut !

                                         *

Visages du métro que la lourdeur future
du jour morne à venir ferme au regard d'autrui
vous êtes yeux ouverts murés dans votre nuit
que prolonge la rame au rythme qui rassure

                                         *

Nous attendons toujours que la fête commence
Sans voir que nous y sommes et qu'elle bat son plein
Car le bal s'est ouvert depuis notre naissance
Et tourne sans relâche jusqu'à notre fin.
Nous sommes les danseurs les lampions et le reste
Que chacun de nos souffles crée et manifeste

                                         *

Pour durer le désir doit être inassouvi
car il ne sait jouir lorsqu'il s'est achevé
quand il s'épanouit comme fleur de pavot
il n'est déjà plus tel que l'amour le rêva
qui brûle son extase au moment de l'aveu

                                         *

Un petit morceau de nuit décroché
qu'on retrouve dans sa main...
Qu'est-ce qu'on en fait, le matin ?
Il ne faut pas le jeter, on ne peut pas le garder...
C'est une responsabilité trop grande pour décider.
Alors que faire ? On ne sait trop...
Attendre que quelqu'un vienne le prendre de là-haut.

Maryse Gévaudan

© M. Gévaudan
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