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Qui es-tu, poète ?

Il est ce que, de lui, vous entendez et il n'y est pas toujours non-plus.

Les mots confirment ce qu'il sait... l'informent de ce qu'il ignore... de lui.

Donc sans papiers si ce n'est traces sur le papier.

Page blanche qu'il aime, par la plume, effleurer, gratouiller, chatouiller, tacher.

Plume à qui il aime faire tout ça au papier dont la virginité glace sa penne et lui dicte qu'il faut tracer, laisser traces avant de s'effacer.

Chien qui cherche où se laisser aller au gré d'odeurs et d'autres traces de canidés... au gré de p'tits bonheurs reniflés au ras du pavé.

Ne vous méprenez pas sur la hauteur, il rampe et se vautre dans le lisier pour que du fumier naissent plus belles roses.

Nous sommes si peu de roses, c'est son ami Machin qui lui a dit ce matin quand il l'a croisé dans la chose.

Quand il dit la chose, entendez bien sûr - le purin.

Lui, Machin, fait de la prose, hésite à faire pause en poésie, mais se nourrit aussi à la source de l'espèce.

Il fait ses courses en super-toilettes.

Entendez qu'il travaille sous sanisettes et que, de votre retrait, il en fait son engrais.

De l'immonde, il voudrait faire tout un monde, et de l'insanité, il rêve d'en faire un magasin de toutes beautés, avec rayon parfumerie et tutti quanti sur un air de Vivaldi.
Il dit que le monde est ainsi fait que, pour le refaire, y faut s'en défaire.

Quand il dit ça, il parle des mots - of course -.Il dit qu'les mots sont trop légers ou trop chargés et qu'il faut trouver un motus vivendi sur un air comme Tutti fruti

Il dit aussi que les mots y a qu'ça pour subsister, résister, pour survivre au silence.

Silence qui plus le temps passe, s'avance, s'avance avec sa chape à laquelle.... personne ne réchappe.

Il dit que s'il s'écoutait, il ne cesserait de gueuler. Il voudrait être celui de la toile, celui que l'autre jour dans un musée on a volé. Ça a fait du bruit ce cri envolé. Heureusement on l'a retrouvé, on va pouvoir à nouveau tenter de le pousser...

En attendant qu'il dit, murmurons, emmurés que nous sommes. Murmurons des mots qui résonnent, avec ou sans raison.

Murmurons des mots qui sonnent loin du glas et du trépas. Glagla... Murmurons des mots d'envie qui ferons des petits.

Murmurons des mots dont on dira peut-être :

« Mais... j'me goure ou c'est d'la.. mais c'est d'la... mais c'est d'la poésie... »

Ben, ouais, c'en est... j'ai marché d'dans quand j'étais p'tit...

Paris, le 29 novembre 2006
Christian Debraize Perrard

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