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Chanson du temps (Johnny est mort)

Johnny est mort et ma jeunesse
a foutu le camp chaque jour
dans le temps hâtif qui nous presse
et nous en abrège le cours

Voilà la chanson que je tresse
sans fioritures et sans atours
pour se rappeler l’allégresse
et les sales coups au détour

Ritournelle usée qui s’adresse
à ceux brûlant d’amour-toujours
à ceux noyés dans la tristesse
qui cogne l’âme et ses contours

Je connais les mots qui se dressent
aux heures pleines de l’amour
aux nuits creuses de la détresse
comptant pour le double en retour

Et cette nostalgie sans cesse
d’un vieux blues promenant toujours
ses fanfares et ses bassesses
sur la gueule des pires jours

Morose langueur qui oppresse
nos cœurs tant avides d’amour
plein des cendres d’une tendresse
consumée jusqu’au non-retour

Passe le temps, ce temps qui blesse
et réconforte tour à tour
j’oublie dans un moment d’ivresse
mes misères et ce tourment sourd

Vague mélancolie qui laisse
dans la mémoire un poids trop lourd
mais sourit comme une caresse
une larme sur du velours

Et cette chanson que s’empresse
de cueillir ma bouche, c’est pour
offrir une petite messe
à Johnny qui rythma nos jours
dans le sang des veines qui court... qui court...

Maryse Gévaudan

© Maryse Gévaudan
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