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Macadam

User de leurs charmes est la seule arme
Qu'elles aient trouvée pour subsister.
Alors de nuit comme de jour,
Pour quelques sous, quelques écus,
Elles font commerce d'amour
Les dames de p'tite vertu,
Les dames du coin d'la rue.

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Le macadam est le même pour les putains.

Bourgeois repus, petits vauriens,
C'est leur routine, leur quotidien
Façon à elles de faire le bien,
De soulager les mal aimés,
Les désaxés de la sexualité.
Chacun sa route, sa pénitence,
Sa façon de mener la danse.

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Le macadam est le même pour les putains.

Troquer EROS pour quelques EUROS
C'est leur turbin, ni plus ni moins.
Chacun sa route, sa pénitence,
Sa façon de mener la danse.
Soit au bordel soit à confesse
C'est bien connu, nul ne proteste
Et pour tous le même refrain :

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Le macadam est le même pour les putains.

D'autres, plus discrètement
Œuvrent en appartement.
Geishas du monde occidental
Leur territoire, c'est le capital.
Ambiance feutrée, dîners mondains
L'argent passe de mains en mains
Et, quelle que soit la romance :

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Le macadam est le même pour les putains.

Autre registre, autre mouvance ;
Les sans famille, gosses en guenilles
Traînent misère en espadrilles
Sacrifiés au plaisir débile
D'infâmes pédophiles
Ou bradés par de vils proxénètes
Au plus offrant sur INTERNET.

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Putain d'boulot pour ces gamins,
Fils de personne, sans lendemains.

Bafouée l'enfance, meurtrie l'adolescence
De ces jeunes en révolte
Qui vendent à la décote
Leur corps et leur fierté
Pour se droguer à satiété !
Cœur déchiré et même refrain
Pour ces victimes du quotidien :

Quartiers populaires, quartiers rupins,
Le macadam est le même pour ces gamins
Sans horizon, sans lendemains.

Putain d'existence, amère souffrance
Pour quoi, pour qui, pour rien !
Puisqu'embarqués sur la même galère
Nous sommes tous frères
Dans l'amour comme dans la misère.

Chantal Zingarelli

© Ch. Zingarelli
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