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Péan au poète

Ô ma Muse ne pleurez pas :
À qui perd tout, Dieu reste encore,
Dieu là-haut, l'espoir ici-bas.
                
A. de Musset

Quand tu auras admis mon frère,
Que toute vie est un miracle,
Plus qu'une maladie.
Quand tu auras songé, mon frère,
Que miracle dans le miracle,
C'est à toi qu'elle fut confiée !
À toi, et à toi seul, improbable faveur,
Don fortuit, ou fortune raflée
Dans quelque loterie inespérée...
Mais qu'il t'appartient de gérer !
Alors... mon frère,
Peut-être cesseras-tu un instant de te plaindre ?
Peut-être cesseras-tu d'appeler de tes vœux
Quelque monde mythique où tu serais heureux ?
Et plutôt que noircir cette vie,
Te décideras-tu mon frère,
À user de celle-ci ? Certes, elle est difficile :
Mais faut-il pour autant sur son sort s'attendrir ?
Gémir, gémir, toujours gémir,
Et puis s'apercevoir qu'il est l'heure de partir,
Est-ce là un sort plus enviable ?
Et l'amour mon frère... que dis-tu de l'amour ?
L'aurais-tu oublié ? L'amour de toi,
L'amour de moi, et l'amour du prochain,
Ce plus que toi en toi, n'est-ce pas là un beau projet
Pour aujourd'hui... et pour demain ?
La vie nous aguerrit, mon frère,
La vie nous aguerrit, mais... c'est pour progresser !
Collé à sa paroi, dans le froid inhumain
Qui lui glace les doigts, l'alpiniste le sait,
Lui qui porte en son cœur
Des sommets de bonheur.
Concède les gerçures, mon frère,
Accepte les morsures, n'use plus de ton art,
Pour altérer l'Espoir.
Sois heureux d'être ici... tant que tu es en vie !
Chante l'aurore, mon frère. Salue chaque matin
La prodigieuse apparition
Du soleil sur l'horizon,
Et tu verras mon frère, que si la vie n'est rien,
Rien vraiment - oui, vraiment -
                                   Rien ne vaut la vie !

Yves Tarantik
janvier 2003

© Y. Tarantik
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