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Conte d’une chose véridique arrivée à Château-Thierry

Madame de Coucy, Abbesse de Mouzon,
Avait... ah... oui ! Comment dit-on ?
Le feu au... on dit parfois son petit cas.
La Fontaine qui l'hébergeait ce jour-là
Voyant cette dame éperdue
Voulut l'apaiser in situ.
La belle Abbesse n'a pas dit non,
Au remède elle se prêta, crénom !
Las ! Mademoiselle Héricart
Epouse de sire Jean le Bon
Rentrant trop tôt plutôt que tard
Les surprit dans cette tenue
Que l'on prêtait aux turlupins1
- Hérétiques qui priaient nus,
Comme nos ancêtres au Jardin !-
Sans avoir sillonné la lune
Pierrot dut rengainer la plume.
Il fit sa révérence aux dames,
Qui maudissaient leur infortune
(Insatisfaites toutes deux
Puis il sortit, à leur grand dam,
Pour aller respirer un peu.
La Marquise de Sévigné,
Notre épistolière charmante,
Trouvant l'anecdote plaisante,
Chez Monsieur de Foucquet,
Dans les salons du tout-Paris,
Bref urbi et orbi,
En fit grande publicité.
Et désormais il est notoire
Qu'un coïtus interruptus
Peut faire plus pour votre gloire
Que de la dame un franc quitus !

Yves Tarantik

1 Hérétiques au XIVème s. qui priaient nus, tels Adam et Eve, par désir d'innocence.

© Y. Tarantik
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