Version imprimable

La grenouille et le scorpion
D’après un conte africain

Sur la rive d’un grand fleuve, un scorpion se lamente,
Sur le bord opposé se trouve son amante.

Le scorpion
Toi, le créateur du tout, pourquoi ne suis-je nageur ?
Par ce maudit oubli, tu causes mon malheur.
Je ne puis la rejoindre pour que l’on puisse s’unir !
Quel est donc ce péché dont tu me veux punir ?

Nonchalamment portée par les vagues du flot,
Une grenouille entend, du scorpion, les sanglots.
Touchée par son chagrin, interpelle celui-ci :

La grenouille
Quel est ce gros chagrin ? fais m’en donc le récit.

Le scorpion
De l’autre côté de l’eau réside ma copine.

La grenouille (sarcastique)
Un scorpion amoureux, loin de son héroïne !

Le scorpion
Je ne puis la rejoindre, je ne sais pas nager.
Mais, ce n’est pas ton cas, tu peux me soulager.
Tu me prends sur ton dos, tu me fais traverser !

La grenouille
Il n’en est pas question tu es trop dangereux.
Toi et tes semblables, vous êtes venimeux.

Le scorpion
Voyons réfléchis bien, si jamais je te tue,
Ne sachant pas nager je ne serai qu’un fétu
Emporté par le courant, ou j’y succomberai.
Ma vie est dans tes mains, de toi je dépendrai !

La grenouille (ébranlée)
Ton argument se tient, mais j’ai encore des doutes,
Vous êtes suicidaires... De te céder me coûte.

Le scorpion
Je suis très amoureux, je ne veux pas mourir !

La grenouille
Embarque sur mon dos, je te le fais franchir.

Le scorpion satisfait s’installe sur l’animal.
La moitié du trajet s’opère sans aucun mal...
Mais au milieu du fleuve, le passager l’agresse !

La grenouille (mourante).
Pourquoi fais-tu cela ? pourquoi cette bassesse ?
Pour toi et pour ta belle tu n’as plus de futur.

Le scorpion (se noyant).
Je regrette la chose, mais c’est dans ma nature !

MORALITÉ
Comédies, pleurnicheries et trémolos,
Chassez le naturel, il revient au galop.

Mondolius

© Mondolius
Précédent