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La jeune femme et la mort

Impassible et ferme, la mort s'adressait à elle,
Déjà en le linceul, toujours tellement belle.
Sans parole ni geste, verbe du silence,
Que seul perçoivent ceux qu’a fui la providence
Viens ! Il est l'heure, l'instant est approché !
Disait-elle à la jeune femme couchée.
Il est venu le temps, il faut me retrouver,
Ton destin en ce monde, est bientôt achevé.
Tu fus beaucoup aimée et tu l'es encore,
À cause de ton cœur, pas seulement pour ton corps.
Tu ne fus que douceur et générosité,
Et si tu portas la peine, ce fut sans aménité.
Tu mérites de partir doucement,
Sans éprouver de peur et sans emportement !
S’il vous plait je vous prie, laissez-moi encore,
Dit la jeune femme, aux portes de la mort.
« J’espère mon amant, qui est en voyage,
Et mes filles tant chéries vont bientôt arriver,
Je veux tous les revoir pour refermer la page.
Avant que de partir, je veux les embrasser.
Et puis, je suis trop jeune et j'ai peur de l'abîme
Où la mort va me jeter. Pourquoi ? Pour quel crime ?.
Je vous en conjure ! », soufflait-elle, pathétique.
« Hier vous leur ravîtes un père anémique.
Aujourd'hui c'est à moi, que vous ôtez la vie !
Quelle est donc la faute valant d’être suivie ? »

« Ce n'est pas mon pouvoir d'accorder ce retard.
Ton âme sera prise en charge du renard.
Abandonne-toi à moi, accepte la délivrance,
Tout va se passer vite, sans espèce de souffrance. »

Paupières abaissées, ses lèvres si pâles
Exhalent, inaudible, un tout dernier râle.
Mes enfants adorés, mon bel amour ! Michel...
Tendrement la Camarde l'effleure de son aile.
Le ventilateur qui évitait qu'elle s'étouffe,
Brasse l'air porteur de son ultime souffle.

 Mondolius

© Mondolius
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