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Né de Tango Inconnu

En hommage à l'univers
de Léo Ferré et de Jean-Roger Caussimon

J'suis né « de Tango Inconnu »...
Ma mère s'est fait « Cumparsiter »
dans un' quelconqu' boit' à tangos,
un « Mikado » d'Aubervilliers,
l'Eldorado du sam'di soir...
Ça m'a donné des tas d' papas.
Tout enfant, je n' comprenais pas...
Un à un, ils sont tous partis...
« Adios muchachos,
companeros de mi vida... »
Puis, maman m'a quitté à son tour,
me laissant seul, vieil orphelin,
privé de tout état civil.
Plus de nom ni de numéro.
(Y' en a qu'échapp' aux statistiqu' !)
Tout just' un sigle mordoré
entortillé d' fil barbelé,
l'Etoile Jaun' de mes cauch'mars
et mes souv'nirs « fürherisés »...
Une longu' dériv' artistiqu'
aux succès remis à demain,
aux naufrages de mes amours,
cœur d'artichaut privé d' ses feuilles,
au désert blanc de mes draps vides,
au regard lourd, à la rid' sèch',
à mon corps fourbu qui rechign'
aux lendemains z'hypothétiqu'...
Les tangos de Carlos Gardel
me font venir les larm' aux yeux
quand je revois ton sourir' las,
maman chérie, qui me donnas
tout l' superflu qu' tu n'avais pas...
Suis-je déjà mort sans le savoir ?
Canard sans têt' sur sa lancée,
en dernière cours' frénétiqu' ?
J' suis né « de Tango Inconnu »...
Mais tu avais raison, maman :
c'est si beau, « La Cumparsita... »

 II existe une version avec refrain, pour une mise en musique... 

Claude Mercutio
15-03-1995. Nuit

 © C. Mercutio
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