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Haute-Volta

C’était en Haute Volta
Au lever du jour
Par 33° à l’ombre
Les charognards sont là
Sinistres
Au sommet du baobab
 
Des femme noires Peulhs
Longues, élégantes, belles,
Enveloppées nues
Sous un drap blanc
Déambulent en silence
Dans le matin brumeux.
 
Vapeurs tièdes
Dans la savane endormie
Le blanc
Dans son indifférence
Le blanc dort encore
 
Premiers rayons d’un soleil lourd
Odeur de latérite
Le village s’éclot
Dans l’aurore naissante
Qui se traîne
 
La farandole féminine
Collier de perles noires
Disparaît lentement
Comme un mirage
A l’horizon perdu
 
Chauves-souris hideuses agrippées au plafond
De ma pauvre cabane
Une respiration sourde
L’air déjà irrespirable
Moiteur
 
Pas d’échappatoire
Confinement
Chaleur torride
Le corps exsude
Etouffe
 
Un chant bambara
Vibre dans les arbres
Lueurs naissantes
Rougeâtres
Brûlantes
 
Des femmes battent le mil
En cadence
Le long du chemin de la mine
Mine d’or
Pleine de promesses
 
Puits inondé
Panique
Passer outre
Rendement
Rendement
 
Solitude du retour
Silence
Isolement
Bouée de sauvetage
Dans la musique à la radio
 
Nuit de sueur
Fantasmes
Bruits insolites
Heures interminables
Rêve fou d’autre chose

 Adrien Cannaméla,1952

© Adrien Cannaméla
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