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Mais peut-être en ma soif folle
Que rien ne désaltère
Ne l’ai-je point vue ?
Sans doute ne faisait-elle qu’un
Avec la page précédente ?
En quelle émotion m’aura plongé
Cette page collée à sa sœur
Ce désordre doit cesser
Il convient sur le champ de refaire le compte
Les feuillets comme les heures d’une vie défilent
Je reviens à la page 233
Mais après c’est la page 235
Mon compte n’est pas bon
Qu’est-ce que c’est que cet entredeux
Qui m’échappe dans l’intrigue
Qu’est-ce que cette nuance
Dans la psychologie de l’héroïne
Qui, à jamais, pour le lecteur en rade, se perd ?
Et cet être au comportement inqualifiable
À chaque paragraphe odieusement délectable
Quelle nouvelle vilénie a-t-il commise
Dont je n’aurais point conscience ?
D’autres palpitantes péripéties ont pu se produire,
L’apparition d’un nouveau personnage
Qui n’aura vraiment l’air de rien
Falote créature décorative, croirais-je,
Et dont l’importance croissante
Dans le temps du roman se dévoilera.
Mon compte n’est pas bon
Trop de trésors à ma compréhension se sont dérobés
Et même si la page de l’absence
À ma convocation déférait
Saurais-je jamais
Attirer à moi en sa plénitude
Le pourquoi ?
Jean-Francois Blavin
Le Charroi des lisières,
D'Ici et d'Ailleurs, 2008
© J.-F. Blavin, 2008 |