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Ce que m’a dit la rose

Je savais tout le mal qui me ronge
Jusqu'à la honte d'être.
Je savais tout le manque qui m'emplissait
Et ma poitrine creuse
Et le feu qui pleure en rugissant.

Mais ce que savait la rose
Je ne le savais pas.

Je savais l'histoire
De l'enfant laissé sans guide
Et la grise aventure
De l'adolescent languide.

Mais ce que savait la rose
Je ne le savais pas.

Je savais même l'amour
Qui transporte en les montagnes
Et la douceur des cœurs
Qui s'enlacent en gémissant
Sous le satin des peaux.

Mais ce que savait la rose
Je ne le savais pas.

J'étais croyais-je
L'amant oublié
Le père qui s'était nié
J'étais l'homme sans possible et sans futur
Et ce que je cherchais
Je ne le savais pas.

J'ai cherché cependant.
Au pied de ma maison
J'y ai trouvé la rose.
Toute seule la rose de l'hiver
Qui s'autorise à vivre.
Et puis je l'ai aimée.

Et la rose m'a dit ce que je ne savais pas.
Que le savoir n'est pas
Dans le discours du sage
Plus que dans le chant du triste vagabond
Et que l'amour n'est pas
Dans le vent des montagnes
Plus que dans les cris des joyeux compagnons.

Mais que l'amour est là dans un simple sourire
Qui me dit ce que savent mon cœur et mon soupir.

Qu'il est mon précieux guide, mon ami,
Et ma boussole au cœur de mon navire.
Et que savoir qui j'aime est savoir où je vais.

Un pétale de rose a rouvert mon futur
Que mon cœur oublieux n'oublie pas son murmure.

Jean-Claude Morera,
Saint Germain en Laye,
le 8 décembre 2002.

© J.-C. Morera.
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