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Quatre poèmes
Images / Rupture / Il déposait des silences... / La fureur d'écrire

Images

Ma perle de cristal
mon rayon de soleil
mon rêve horizontal
cauchemar sans pareil

Ma plante carnivore
ô ma rose sauvage
ta beauté me dévore
dévore le carnage

Mon beau rosier grimpant
sur les façades noires
océan caressant
mes reste de mémoire

Ô mon petit oiseau
de toutes les couleurs
ô mon tendre roseau
qui plie sous la douleur

Point d'interrogation
ma guerre fantastique
la clef de ma passion
mon rêve romantique

Ô ma cendre volage
qui cotonne le coeur
des âmes en voyage
dans l'océan des pleurs

Ô ma folle arabesque
ô mon marbre poli
ma boisson romanesque
ma grande symphonie

© Serge Carbonnel

Rupture

Son bateau s'éloignait et sur le quai pourtant,
Dans sa sourde douleur, il maudissait la vie
Le jour et le moment où il l'avait suivie.
Ce qu'il sentait en lui était déconcertant.

Il fuyait des chemins qui ne se joignaient plus.
Il est vrai, passion souvent mal accomplie,
Telle une vague frappe et soudain se replie.
Il vivait son amour de moins en moins complus.

L'existence parfois est une amande amère,
Le temps devient alors une saison austère,
L'ensemble des valeurs casse ses échelons :

La pluie et le soleil, en noirs et blancs, se peignent.
Se mettant à douter, perdu dans son mystère,
L'homme se retourna sans que larmes l'atteignent

© Serge Carbonnel, 22/4/2020

Il déposait tous les silences

Il déposait tous les silences habillés de passion devant le portail des mensonges.
La marque des bêtises paralysait la paix du monde.
L’espèce humaine dressait son voyage muet dans un métabolisme déboussolé par des larmes d’antimatière.
Le soleil roulait sur les semaines anciennes comme un manège triste d’où les chevaux disparaissent.
Le voisinage surprenant du chat et du coq vantard désorientait de façon indirecte l’intelligence rigoureuse.
Il était constamment fasciné que le doute fouille et congèle les désirs.
En lui un puissant mouvement trottinait, gigotait et débordait d’adolescence.
Sa sueur intérieure grandissait, murmurait comme un pigeon roucoule sur l’escalier du ciel et l’aile d’un poulet donnait naissance aux cygnes.

Le visage aspiré par et vers de lointains passages
il épousait le monde plausible
et cherchait la sirène
sur l’échafaudage de nos intentions.

© Serge Carbonnel

 

La fureur d’écrire

À Lizy, reinette du sonnet

Que m’arriverait-il si je n’écrivais pas ?
La lumière en naissant me paraîtrait plus pâle.
L’alouette au matin rejetterait son mâle
Et je ne saurais plus bien assurer mes pas.

Je haïrais les jours, je maudirais les nuits.
Je souhaiterais la fin infamante du monde.
Je fuirais les hymens, les jetterais dans l’onde
Dès que je me verrais dans l’eau claire du puits.

Je n’agirais en rien étant à bout de force.
J’aurais des cauchemars qui claqueraient la porte :
Je glisserais parfois au fond d’un long trou noir.

Et sans émotion, que le désir affole,
Je marcherais sans but dans un grand promenoir ;
Je détruirais ma vie dans une course folle.

© Serge Carbonnel


 

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