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Passion

Prêtez attention, louveteaux égarés, cette résolution fut prise il y a si longtemps : « Rien ne devant être synonyme de passe-temps, passade, passe-partout, tour de passe-passe, je ferai l’impasse des espèces sonnantes, renierai l’ imposture ! ».

Fut-ce par science ? Sûrement par impatience, nullement par insouciance ; avec cette décision pour passeport, une spécialité pour titre de transport, voilà La Passion qui maintenant s’élance à grands pas, passagère impulsive – le temps, n’est-ce pas, passe si vite - sur une passerelle sans sauvegarde vers sa seule planche de salut : l’ espace sensoriel et sacré où elle va pouvoir jouer une passacaille, siffloter la « Pastorale », danser une pastourelle, écouter la passerine, coloriser un pastel, admirer la passiflore, cela et tant de choses encore dont certaines –  l’ essentiel étant de participer - comptent parmi les sports.


Et rien depuis, rien pendant les siècles des siècles ne lui fut impassible ni servile, impossible ni passif car, quoi que lui objectât La Raison et quoi que dissertât Pascal, La Passion n’eut pas à être si honteuse qu’elle n’eût mieux fait que se terrer et se taire. Est-il amateur ou poète qui prône le contraire ?

© Didier Laloux
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