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La chaussée des géants

Combien de fois, assise, là, au pied du mur
Ecoutant le silence et les voix des sirènes
Il te faudra tisser les larmes de l’armure
Et traverser les champs parsemés de moraines ?

Le chant se fait précis au désert du néant,
Ton simple cri muet se perd aux alentours
D’un paysage clos qui s’élève géant
Alors que tout en bas, tu contemples une tour.

Le cœur sursaute et geint, les lèvres au goût de vide.
Au ravin de la nuit profonde, translucide,
La nostalgie s’inquiète et se remet à battre
Dans ce gouffre de vie silencieuse, opiniâtre.

Tu n’es qu’un corps déçu porteur des ans passés
Où les coïncidences tendent à s’effacer,
Où ton âme rebelle contre ce temps usé
Essaie de vivre encor tout ce désespéré.

Et ce rayon de lune qui vient te caresser
Le soir, quand, à la brune, tu aimes tant rêver !
Etreindre l’harmonie dans la contemplation
Pour dire que demain n’est pas une illusion.

Combien de fois...

Roselyne Dematteo


© Roselyne Dematteo
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