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Deux poèmes

Exil dans mon Choisy
Petit message au fil des mots pour mes amis présents

Je suis en exil dans mon Choisy lui-même
Et je ne l’ai choisi
Comme une au vache au pré
Je voudrais voir passer
Le train que je voudrai
Mais de l’herbe a poussé
Le train n’a pas fauché
Cette tige qui croît
Qui croit qu’un temps meilleur
Embaumera nos cœurs
Peut-être que demain
Seront en fleurs nos trains
Alors je reviendrai
Je n’aurai pas cessé
De croire en l’amitié

© Serge Carbonnel

Serge est revenu de son exil...

L’exil des migrants

À notre ami Samir

Camarades Migrants
veuillez-bien m'excuser
je vous dis camarade
car la souffrance ici
franchit toute frontière
et résonne parfois fort
simultanément


Camarades Migrants
qui peut boire vos larmes

Partout, d’où vous venez
tournent autour des cadavres
ceux qui font la terreur
ceux qui sont la terreur
Au-delà des pays
au-delà des régions
et de leurs divergences
ils ont enfin trouvé
un langage commun
Et comme des corbeaux
se disputant la chair
de vos têtes broyées
leurs cris sèment l'effroi

tel un couteau sanglant

Camarades Migrants
serrez-vous contre nous
Où donc est-il possible
le temps qui permettra
que l’on boive vos larmes

Avec vos compagnons
vous avez fui partout
Les bombes les couteaux
ont lancé la curée
c’est l’heure des tueries

Vous êtes arrivés
de pays en pays
et toujours repoussés
vous avez dû partir
et toujours repartir
Vous vous êtes exilés
et encore exilés
Non ! non ! vous avez fui
et puis encore fuit
les massacres commis
par la folie humaine
à figure de monstre

Migrants Migrants Migrants
Puis je boire vos larmes


Fuir les charniers syriens
les charniers irakiens
les canons
les avions
Ne plus savoir où l’on trouve la paix
où se trouve un pays qui ne soit pas taché
en Europe en Afrique en Asie et partout dans le monde

Et toi Migrants plus loin
Toujours plus loin plus mal

Aujourd'hui c’est la mer
sur la mer toute près
Et demain...
Et demain...
Les cadavres qui flottent en Méditerranée

Ou sera votre havre
si la mer vous a laissé passer
Cette mer augmentée
de vos millions de larmes
cette mer polluée
le tombeau de certains

Camarades Migrants
toi dont la solitude rendra l’exil plus lourd
quand tu penses au retour
qui n’est qu’incertitude
serre-toi contre moi
je veux boire tes larmes

Camarades Migrants
Migrant mon camarade
Migrant Migrant mon frère
Mon frère
Ma douleur

© Serge Carbonnel, La Cave à Poèmes le 06/01/2020
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