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Le fleuve et l'homme

L’homme s’est éteint, le fleuve est encore là.
Tous deux ont une fin, se perdent au-delà.
Que leur vie soit en forêt ou alors urbaine,
Qu’elle dure longtemps est une vraie aubaine.

Sur terre on est fort peu sans plus petit que soi
Tel fleuve sans rivière et homme sans emploi.
C’est une vraie fierté de surmonter l’obstacle,
Quel dépit humiliant quand on y renâcle.

L’homme bat le fleuve il sort du lit chaque jour.
Le fleuve lui n’en sort que pour de courts séjours.
Leur vie durant, quand trop nourris ils épaississent,
Pour l’un c’est bénéfice et l’autre préjudice.

Dans la pente de son gosier l’homme a du vin.
Le fleuve en la sienne a de nombreux alevins.
Les rives de l’un d’eux sont parfois broussailleuses.
L’autre au bord des lèvres arbore barbe soyeuse.

Le fleuve emporte au loin de très bruyants cailloux.
Jetons-en dans le fleuve et ils feront glouglou.
Dans ce cours d’eau et en mer des poissons s’amusent.
Qui reçoit poisson d’avril fait mine confuse.

© Pierre Daumas

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