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La nourriture des dieux

L’Homme priait les dieux de nourrir sa famille.
Il supplia les flots, le terroir puis le ciel
D’enfin lui concéder cent vingt mille broutilles,
De la pêche au gibier, de l’élevage au miel.

Déméter consentit à distribuer l’orge
Ou autre céréale, en toute liberté.
Quant à Poséidon, pris très vite à la gorge,
Il céda ses poissons avec docilité.

Artémis accepta l’offrande de la faune
Et invita Ploutos à livrer ses bienfaits
Tandis qu’Ether permit, dans une simple aumône,
Le lâcher des oiseaux, divinement parfaits.

Dionysos, en dernier, voulut livrer la fête,
Enivrer le mortel, lui donner du bon vin,
Le rendre dépendant pendant sa longue quête
Afin de mépriser son terrible destin.

Un grondement soudain vibra sous la coupole
Lorsque fut rejeté la drogue du muscat.
Mais chacun désirant posséder l’auréole
Du meilleur donateur, le combat fut ingrat.

Ne pouvant s’assurer le soutien vénérable,
L’Être saisit la force au tréfonds de son cœur.
Qu’il retourne le sol, provoque l’incroyable,
Pourchasse le félin qui le rendra vainqueur.

© Charlotte-Rita Pichon, septembre 2019
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