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Attendre

Attendre
c’est regarder la flèche après le but visé
c’est ouvrir ses deux bras à l’amour condamné
C’est toi et moi sur l’oreiller
au réveil que musique dore
Un rayon que l’été vient mordre
entre les fentes du volet

Attendre
si tendre
si doux
velours
Mais si fort
quand tranche dans le vif le couteau de la mort

Attendre
C’est le songe qui presse un pas déjà glacé
la solitude de l’iceberg éclaté
C’est un cri dans la Voie Lactée
C’est la naissance d’une étoile
vagabonde et tissant sa toile
son espoir comme l’araignée

Attendre
si tendre
si doux
velours
Mais si féroce
quand de l’arbre tomb’ la protection de l’écorce

Attendre
C’est le poing serré qui n’a rien pu retenir
le sourire hésitant sur le bord du soupir
Ce que tu n’as pas su finir
C’est un drap qui reclaque au vent
et garde forme des amants
C’est la feuill’blanche évanouie

Attendre
si tendre
si doux
velours
mais si noir
quand tourbillonne l’amer siphon du désespoir

C’est le silence avant-coureur d’une tempête
le trouble-voix de l’émotion la trouble-fête
le poisson écharpé sans tête
qui cherche où est passée sa vie
le rocher où l’algue reluit
que ne recouvre plus la mer

C’est revoir à l’envers l’histoire trop connue
que la vieillesse rembobine à corps perdu
Le pied mal chaussé qui dérape
une chaudière sans soupape
un chat qui oublie le félin
la gamelle vide du chien

Ce sont tripes boyaux séchés dans la nature
et les flûtes du vent couvant sous des ramures
penchées vers un retour d’acide
du vide les métamorphoses
avant que bouton ait de la rose
délectation désir humide

Attendre
si tendre
si doux
velours
si intranquille
quand le temps suspendu ne tient plus qu’à un fil

Ah ! le tendre !

Attendre
c’est

© fanFan

 

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