Adam Billaut (1602-1662)

Né à Nevers le 31 janvier 1602, ce poète-menuisier est souvent appelé le « grand-père » des poètes ouvriers du dix-neuvième siècle. Peu avant 1630, il commença son mariage tumultueux avec Catherine Renard. Dès cette période, il composa des vers et écrivit des épîtres au duc de Nevers et sa famille. Il partagea son temps entre Paris, où il vécut la vie de la bohème poétique avec Saint-Armand, Colletet, Scarron et l'abbé de Marolles, et Nevers, où il ne put que supporter sa femme « nuisible ». En 1644, il fit imprimer son premier recueil sous le titre Les chevilles, qui obtint un grand succès critique mais qui ne lui valut point d'argent. Après sa mort en 1662, son ami Berthier publia deux œuvres, Le vilebrequin et Le rabot, dont le dernier est maintenant perdu.

Sonnet

Résolution de Maître Adam de ne plus aimer son ingrate par la protestation qu'il en fait à son confesseur.

Mon Père à deux genoux j'accuse mes malices,
Avec un repentir profond et solennel,
Et pour ne point tromper votre soin paternel,
Je laisse de Phillis les aimables supplices.
Éloignant ces beaux yeux, mes souverains complices,
Je change en une nuit un beau jour éternel,
Et si pour bien aimer on devient criminel,
C'est trop peu que l'enfer pour expier mes vices.
Puisqu'il faut obéir aux lois du Tout-puissant,
Pour un si grand sujet je suis obéissant,
En brisant de mes fers la douce violence.
Ha qu'en ce changement je me trouve étonné !
Et que j'ai peu besoin de votre pénitence,
Si cherchant mon salut je passe pour damné.