Souvenirs de Kommandantur Toi, dont la triste occupation... À ces gentils « Français » qui saturent le 17 d’appels anonymes pour dénoncer leurs voisins dès qu’ils les voient sortir de chez eux…
Un poème entre quatre murs,
Ce n'est, pour sûr,
Qu'un lent murmure !
Le ciel est par-dessus l'étoile
Cousue au revers de la toile…
Qui est atteint, qui ne l'est pas ?
Qui tousse encore en lieu public ?
Qui risque un baiser impudique
Ou pis, se prendre dans les bras ?
Qui est entré ? Qui est sorti ?
Qui ose encore aimer la vie ?
On nous observe, on nous espionne…
À notre insu, on téléphone !
La rumeur parle à la rumeur ;
Après le temps des actionnaires,
Viendra le temps des fonctionnaires ;
La rumeur nous dit d'avoir peur !
La rumeur n'est qu'une tumeur,
Un pâle oubli sur l'avant-guerre,
Un triste et douloureux cancer ;
La rumeur dit qu'il faut qu'on pleure !
Il y a nous, il y a l'autre
Et l'autre a enfreint le tabou !
Il s'est permis ce rêve flou
Qui a divisé les apôtres…
Mais les corbeaux sont revenus,
Alors quelqu'un a dénoncé,
Un nom a été prononcé,
Les gendarmes sont apparus…
Ô toi qui n'avais rien à faire
De ta vie par procuration,
Toi, dont la triste occupation
Nous en rappelle une autre, hier…
Oui, toi qui n'as rien d'autre à faire
Que de te cacher pour médire,
À défaut de mieux te maudire,
Je voudrais savoir te faire taire !
Un poème entre quatre murs,
Ce n'est, pour sûr,
Qu'un lent murmure !
Souvenir de kommandantur…
Cousu au revers de la toile,
Le ciel est par-dessus l'étoile
Qu'on nous fera porter un jour !
© Vincent Marie, le 12 avril 2020
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