Une bacchanale de livres

Dans la maison
une bacchanale de livres exerce son emprise
J’ai vu des couvertures endimanchées
qui se plaignaient tristement
de côtoyer des imaginations stériles
blanches
Elles rêvaient d’étagères durcies au soleil
et de la caresse indélébile 
de ma main
sur la peau protégée des attaques qui rôdent
Essuie tes pleurs ô livre délaissé ô plume délaissée
parle de ta hauteur
je fléchis le genou
Toi tu es là d’avant
d’avant que je ne sois
et ce que tu contiens
d’avant que je ne pense
je regarde tes pages et ne sais si je lis
est ce la sensation qui disparaît en moi
comme le goût, l’odeur a disparu en d’autres
ces autres qui sont là confondus en mon âme
et que pourtant je ne peux plus serrer

Je n’ai jamais plié
aujourd’hui seul le temps courbe ma trajectoire

© Serge Carbonnel, 5 avril 2020
 

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