Tous les hommes viennent de la mer

En ce monde de l’envers
où des ronces en furie enchevêtrent l’espace
j’enracine dans le vent
des songes intermittents.

Des crinières radicelles s’enroulent autour des nuits
elles parent, rouge et belle, ma folie, ce délire
d’un boa étiré, blasphème autour du cou.

J’interpelle le damier aux cases trop définies.
Des sphères de coquillages où s’entend la marée
ont su vider ma tête des cartes-réalité.

Un rêve soie organdi glisse sur la chute ambrée
reins de dentelles légères
Ophélie au rocher retenu par la boue
déborde mon printemps d’un concile de roses.

Les enfants grattent sous la lune
la brume se pose sur leur épaule
se couche au bleu des tabliers.
Mioches, gavés d’entourloupes
si nous rêvons de l’Ourse, la Grande ou la Petite
bientôt nos rêves sont déposés
aux plis de la chemise-réalité.

Il pleut rouge
et l’argent ruisselle sur le pavé grippé
mais la neige-escarpin dit mésange à la nuit.
Sésame, l’écrin bleu s’ouvre.
Vie pareille à la mer qu’on découvre au matin
la mer pour seul livre, ses oursins nos poèmes.

Tous les hommes viennent de la mer
ils sont là sur terre
comme des coquillages cassés.

Alain Pizerra

© Alain Pizerra