Flambant neuf !

À TAM

Me voilà toqué d’une belle
Qui ne me fut guère cruelle1.
Sans doute m’aime-t-elle un peu,
Je puise ma force en ses yeux !

Or cette aimable et jolie dame
Veut que je lui prouve ma flamme
En la gratifiant d’un écrit
Qui atteste ce que je dis.

Quoique l’aveu me soit pénible
Cet amour me semble indicible ;
Car enfin gracieuse dame
Le papier flambe sous la flamme !

Dès que j’y appose mes mots
La feuille se consume au trot ;
Le papier flambe sous la flamme
Et s’incinère avecque l’âme.

Qui nous soutiendrait le contraire,
L’esprit n’est pas moins que la chair,
Mais rendez baiser pour baiser
Et vos caresses enflammées.

Le feu seul ne craint point le feu 
Nous le savons bien tous les deux !
Il nous faudra vous satisfaire
De nos privautés familières.

Ce que je puis vous attester
C’est que la chair nous est si chère
Que mon esprit s’est consumé
Comme simple bout de papier.

Rendez-moi baiser pour baiser
Et je poursuivrai de flamber !

1. De cela je la remercie !

Yves Tarantik,
déc. 2008

© Yves Tarantik