Notre cloche

Notre village est affligé
Sa cloche ne chantera plus,
Tôt ce matin ils sont venus,
La descendre de son clocher.
Elle avait été décorée
Par les compagnons du pays,
Qui l'avaient revêtue, parée
Des belles fleurs de nos prairies.
Sa voix joyeuse et cristalline
Est imprimée en nos mémoires,
Comme une mélodie divine
Qui sait vous redonner espoir.
Elle, qui régulait nos vies
Va nourrir canons et fusils.
Nous l'avons regardée partir,
Comme on regarde son enfant,
Priant qu'il puisse revenir
Aux premiers signes du printemps.
Tout le village l'a suivie,
La mort dans l'âme sans un mot,
C'est un morceau de notre vie
Qu'ils emportent vers le tombeau.

Françoise-André Bisson

© Françoise-André Bisson