Le vin de l’abandon

J’attendais pleinement debout sur la rosace
D’une table extérieure ouverte à tous les vents
La maîtresse des lieux et de quarante amants,
Chacun d’eux tout autant marié à la disgrâce.

Je titubais dessous les bourrasques pugnaces
Mon corps liquide alors prenant des airs méchants ;
L’amoureuse volage à l’âge descendant
Ne larmoyait-elle plus ses amours fugaces ?

La bélître n’aurait coupé par le labour ?
Comme hier, avant-hier, et tous les autres jours !
Jugeais-je, moi qui aime à célébrer l’alcôve.

J’attendais, rouge et mûr, que cela ne soit vain,
Espérant la devoir sauver de ses chagrins,
Mais le temps s’égrenant sema le soleil fauve.

Ghislain Hammer

© Ghislain Hammer