Pax

Je n'ai pas de doute mais je n'ai pas de preuves,
L'ignorance se nomme aussi crédulité métaphysique,
Sois dans l'ombre et le mystère,
L'espérance sans larme et le terme sans but,
L'Océan aveugle boit de la foi les larmes
En buvant du sceptique un nuage de pleurs.
Alors tant pis pour moi ! Où irai-je me perdre ?
Mon espace est trop grand pour être mesuré.
Libre, je me sens libre, enfin, je me crois libre.
Mais le suis-je vraiment ? Mon silence est muet,
Ma pensée s'incline, fatiguée d'être une âme.
La fleur lassée du jour effrite ses couleurs.
Je me souviens de toi, quand ta voix me rappelle
Comment ma quiétude était sœur de la paix !
Sa houle bienfaisante en ciselures bleues dessinait
Au zénith de l'esprit, Eden où je rêvais un Nadir sombre.
J'ai vaincu le destin en étant le plus vrai
Au carnaval des arts, chaque mot nous invite ;
Dégustons à petit bec les chants du matin,
Les seuls rameurs du ciel qui chassent les nuages.

Robert-Hugues Boulin

© Robert-Hugues Boulin