Les mains des quatre saisons

Sur un oreiller blanc deux anges ouvraient leurs ailes,
C'était des mains d'enfant, Dieu comme elles étaient belles !
De petites fossettes en séparaient les doigts
Et je m'émerveillais devant ces mains de soie
Sur lesquelles brillaient des ongles de satin,
Elles étaient le printemps s'éveillant le matin.

Près d'elles s'affairaient deux jeunes tourterelles
Qui pliaient et rangeaient les robes de dentelle.
C'était des mains de femme, elles étaient si fines,
Un doux cœur de maman battait dans leur poitrine,
Portant pétale rose en leur extrémité
Parsemé de rosée, c'était le bel été.

D'autres mains s'affairaient dans la vaste cuisine
De beaux œufs et du lait mêlant à la farine,
Elles avaient la beauté du travail bien fait
Elles étaient vives, leur geste était parfait,
Portant les nervures des feuilles qui frissonnent
Annonçant les prémices d'un si bel automne.

Sur un tablier bleu, près de l'âtre posées
Deux pommes poings serrés regardaient rougeoyer
Les bûches du foyer, c'était des mains vieillies,
Chandelles s'éteignant au terme de leur vie.
Etait fine leur peau sous des plis souriants
Attendant que l'hiver les croque doucement.

On entendait les voix dans toute la maison
De huit mains annonçant l'approche des saisons,
Elles représentaient quatre générations
De femmes remplissant doucement leur mission,
De la vie quotidienne, elles étaient la chanson,
Le blé devenant pain passant par la moisson.

Françoise André

© F. André.