Avis de recherche

Un mot s’est perdu cette nuit

Etait-il fantôme revenant en rappel rauque
En sirène obsédante érodant en cadence l’ouïe du dormeur
Aux prises avec les bas-fonds ?
Et qui ne sait plus s’il vogue dans les rêves
Ou s’il se retrouve sur le tremplin d’un réel
Qu’il hésite à nommer
Et ses jambes tremblent sur la savonneuse planche
Et les mots qui tracasse triche dans l’obscur
De la nuit
Et jusqu’à l’heure livide de l’aube, gît

Ou alors cette comète de lettres vacillant dans les
Ors éteints de la ténèbre
Serait substance inconnue à l’imaginaire
Tel un astéroïde venu de l’ailleurs
Et qui au cœur de la nuit indivise
Repose dans un champ
Et la pâte grasse de la terre garde sa trace

Ou alors les vers luisants seraient étoiles
Adressant signal complice à des poètes en marche
Le rocher de Sisyphe sur leurs épaules
Accomplissant leur lot d’éphémères besogneux sur les sentiers montagneux
Condamnés à l’urgence
Du mot, cette grise convoitise grisante.

Jean-François Blavin

© Jean-François Blavin