Malgré le clivage commode et largement décrit entre un Éluard surréaliste et un Éluard communiste, il existe une grande unité dans la vision politique et esthétique de ce poète faussement clair : elle tient dans la volonté de maintenir ensemble ce qu'il est si tentant de séparer, l'amour et la révolution, le couple et la collectivité des autres ; elle exige un incessant mouvement de va-et-vient et de partage, la volonté de concilier l'imaginaire et le réel, puisque l'imaginaire permet de refuser la reproduction stérile, aussi bien dans la perspective artistique que dans la perspective politique. Le peintre et le poète sont bien de ceux qui « donnent à voir », c'est-à-dire qu'ils éclairent non seulement le monde extérieur mais aussi leur monde intérieur, miroir individuel où l'universel vient se mirer.
© N. Barrière