En terre promise

Moi qui ne sais ni le goût du sang
Ni celui de l'effroi
Je parle au simple nom de mes pères
Qui les connurent et en moururent
Et en celui de l'avenir.
Je parle pour le monde et comme un homme
Contre l'indifférence et les passions que nos fleuves écoulent.

Dans la poussière et dans le feu
Dans la chair mutilée et dans le sang séché
Dans la haine nourrie, dans le mépris donné
Coulent, coulent les larmes de la paix.

Dans les couloirs où se pressent
Et vengeance et bon droit,
Dans les chambres où se dressent
Les mensonges et la loi
Se terre et s'enterre le grain de la conscience.

Dans les rues où se cachent
Et la peine et la peur
Dans les bus où se placent
Les bombes et la rancœur
Hurle, souffle et crie la compassion.

Sur les terres violées,
Et les maisons tombées,
Sur les citadelles qui se disent
Promises
Et sur les tombes encor ouvertes
Brûlent et brillent les rais de la justice.

Des gerbes de bonheur,
Des myriades d'enfants
Au père de la foi furent autrefois promises
Quels Salomon sauveront la promesse exilée qu'aujourd'hui se déchirent
Des fils d'Agar ou Sarah ou de Myriam encor ?

Honneur à ceux qui parlent sous les cris de colère
Honneur à ceux qui cherchent dans le trouble la lumière,
À ces voix qui appellent
Ce qui dans chaque humain est bien plus qu'un humain.

Là réside le Graal où ira ma prière
Que la terre et les larmes, le souffle et la lumière
Leur ouvrent mille champs de fleurs
Aux courages d'airain et aux calices ouverts.

Jean-Claude Morera
le 30 décembre 2002.

© J.-C. Morera