Deux poèmes
PI (Π) / PHI (Φ)

PI (Π)

Que j’aime à faire connaître ce nombre utile aux sages …
(3,1415926535….)

Et puis il y a pi. 
Déployant la séquence infinie et toujours nouvelle
de ses décimales
pi mène le bal.
Il n’y a pas mieux que lui
pour métrer cercles, disques, sphères, cônes et cylindres.
Irrationnel et transcendant,
il fascine les mathématiciens
les plus terre à terre et les plus rationnels
dans toutes les spécialités
(Archimède, Cauchy, Riemann, Bourbaki
pour ne citer que les plus connus)
Récemment après 111 jours de calcul ininterrompu
on connaît enfin ses 31415 milliards 
premières décimales.
Il n’y a pas pire poème épique
que les travaux sur le nombre pi.

 

PHI (Φ)

Filles du nombre d’or
Fortes des lois du ciel
Sur nous tombe et s’endort
Un dieu couleur de miel

Paul Valéry
Cantique des colonnes 1922

Qu’un poète abandonne le mètre
que lui reste-t-il
sinon l’or de son silence.
Mais si c’est un maître d’œuvre
un artisan charpentier ou autre
en quête lui aussi de chef d’œuvre
il lui reste, 
avec la pige des bâtisseurs de cathédrales,
le nombre d’or.
Ô divine proportion
que les nœuds de la corde pige
dessinent entre paume et palme
entre palme et empan
entre empan et pied
entre pied et coudée.
Fibonacci qui avait beaucoup de suites dans les idées
ne s’y est pas trompé.
Plus près nous  Xénakis, Dali et Le Corbusier,
ont aimé jouer de cette section dorée
pour architecturer leurs constructions
et suggérer à nos sens
un intense sentiment d’harmonie.

© Jean-Marc Chanel