Les rideaux de l'alcôve

Sous le soleil des siestes languides
La ville provençale est
Comme ce corps de femme dans le sommeil
En la fièvre de brûlants rêves
Ce corps luit dans l’or d’Apollon.

Il est aussi dans la ville
Force bouches d’ombres
Hébergeant les intrigues et les cauchemars
Des gens d’ici

Il ne le sait,
Ce passant qui passe se croyant déchu
En sa claudicante solitude
Soudain sa vue plonge
Sur une ruelle perpendiculaire de pénombre gorgée
C’est alors qu’en les flancs du corridor ambigu
Il rencontre un œil féminin
Semblant l’envoûter
Et puis le dos d’une silhouette d’homme
Le couple s’enlace en feux ardents
C’est comme si ces êtres éblouis
Se retrouvaient sur un îlot oublié
Et à leur extase voués.

Et c’est comme si le regard du vagabond
Écartait les rideaux de l’alcôve

 Draguignan – Bar « Le Saint-Jean » 

© Jean-François Blavin
Les Chants tumultueux du verbe 
Collection Poètes Intuitistes - bilingue franco-italien
Éditions Universitaires de Rome - 2014