Sempiternelle Passion

Auprès des œillets blancs, frémit sous le buisson,
Espère repousser la pure tourterelle.
Après d’instants fugaces au cœur de la moisson,
Elle court dans les champs vers l’exquise tonnelle.

Dans les salons grenat, vole comme un pinson 
S’égayant grâce au jeu de ce violoncelle   
Mais les sombres accords de l’aimable chanson
Encrassent les satins de frivoles donzelles.

Des boulevards peuplés de cent mille frissons 
Au mystère voilé des secrètes ruelles,
Reptile aux doigts crochus, son venin polisson
Fascine et paralyse aussitôt la pucelle.          

Sibylle des ténèbres, en tutus et  chaussons,      
Sa quadrille de feu,  dans une ritournelle,    
Soulève les débris créés par l’écusson 
De l’empreinte de fer que trace sa prunelle.

Pour Shakespeare ou Racine, implore la boisson    
Qui assassine enfin le tourment de l’oiselle.
Le reflet du miroir montre à l’unisson
L’ogresse et la sorcière éraflant la dentelle.

Développer ta toile, abolir Robinson
Brûler une allumette, inventer l’étincelle
Du zéphyr amoureux puis créer la mousson.
C’est pourquoi tu es là, Ô toi, sempiternelle 

PASSION

© Charlotte-Rita, mars 2020