Ténébreuse entité, massive et titanesque,                                   Goya : Saturne dévorant son fils
Qui aspire, en formant une immense arabesque,
Tout ce qui, par malheur, franchit son horizon ;
Point de masse infinie, épouvantail glouton
Où l’espace et le temps écrasés se confondent
Et sombrent sans retour dans sa gueule profonde,

Beaucoup de galaxies ont un ogre géant ;
Il sévit dans leur cœur, caché, mais depuis quand ?
Ont-ils contribué à fonder notre monde ?
Leur giron cèle-t-il une vigueur féconde ?
Tels Kronos dévorant un à un ses enfants,
Nous engloutiront-ils dans leurs antres puissants ?

Verrons-nous s’obscurcir la lumière céleste ?
Et disparaîtrons-nous dans un festin funeste ?
Ou bien, tout comme Zeus, serons-nous épargnés ?
Pourrons-nous par hasard nous tenir éloignés
De ce danger cosmique et percer le mystère
Avant l’expiration de la planète Terre ?

Si un jour le cosmos produit ce phénomène
Ce sera ultérieur à la présence humaine :
Nous ne serons plus là car la Terre à jamais
Aura cessé d’offrir à l’homme ses bienfaits.
Nous aurons disparu dans la clarté plénière
De notre astre en déclin. Mais de quelle manière ?