L'apatride

J'aime tous les pays mais je ne suis d'aucun.
L'âge qui sur mon front marque déjà sa ride,
Ne pourra m’empêcher dans mes nuits d’apatride, 
De humer à tous vents les odeurs du regain.

Avec nos frères noirs, mon cœur blanc ne fait qu’un
– Une moitié termite et l'autre cantharide –
Libre d’aller partout, indocile et sans bride,
Loin des vils exploiteurs prônant l’appât du gain.

Rien ne m’a retenue et nul ne m’a fixée,
De n'avoir pas d'argent je me sens presque aisée.
Voilà comme je suis sans attache ni bien.

Je partage au hasard des misères du monde,
La pitance d'un gueux, la gamelle d'un chien.
Et plus qu’en Dieu je crois en la terre féconde.

À cloche-cœur (2008)

© Lizy