Quel est donc ce cristal qui orne ma paupière
Lorsqu’une joie intense emplit mon cœur serein ?
Sur mon visage froid quelle est cette onde claire
Qui s’épand lentement quand la peine m’étreint ?
Et quelle est cette humeur qui suinte de mes yeux
Quand l’angoisse s’abat sur mon corps douloureux ?
Pourquoi cette ostension impérieuse et grisante,
Étalage insolent d’un bonheur convoité ?
Et pourquoi cet aveu de faiblesse cuisante
Qu’aucune exhibition ne pourra colmater ?
Cruelle, la douleur jamais ne se partage
Mais elle s’additionne et sans fin se propage.
Pourquoi devoir montrer ce que je voudrais taire
En recouvrant de marbre un spectacle indiscret ?
Pourquoi ne pas pouvoir préserver le mystère
De mon intimité et garder en secret
Ces larmes que je voudrais empêcher de jaillir
Car à quoi servent-elles, sinon à me trahir ?
Nadine de Vos
16 mars 2019