Éternel désir

Vidéo-poème

La nuit fut tourbillon
De caresses, de plaisir,
De passion, de désir,
Et nous nous réveillons,

Éblouis de lumière,
Étourdis de midi,
Étourdis d’aujourd’hui 
Comme si c’était hier.

Nos deux corps sont bien là,
Gardant encore ardeur,
Jouissant de ce bonheur,
Sans souci d’au-delà.

Mais l’érosion du temps,
Mille fois prolongée,
Va nous faire plonger
Imperceptiblement

Dans un tiède néant,
Fait de chair en faillite,
Où bientôt seuls habitent
Chimères et semblants.

Illusion du bonheur,
Mélancolie d’amour,
Sépulture du toujours. 
Combien sombre est cette heure !

Pourtant nous est offert,
Traversé de chemins
Et de routes sans fin,
Un monde sans frontières,

Parcouru par tant d’êtres
En demande d’amour
Et bonheur en retour,
Chercheurs assoiffés d’être.

Pays de sources claires,
D’oasis, de rivages,
De prairies, de bocages,
De joies et de lumières.

Mais pays, pour le pire,
De désert et garrigue,
De terre où la fatigue
Épuise le désir.

Désormais il nous faut
Notre regard changer,
Désir rediriger
Et trouver renouveau.

Notre monde s’y prête
Autant qu’auparavant.
Il nous faut simplement
Parcourir d’autres crêtes,

Quitter certaines routes,
Leur préférer sentiers,
Savoir mieux contempler,
Et, quoiqu’il nous en coûte,

Renoncer par raison
À maints plaisirs d’antan.
Sans perdre pour autant
Ni désir, ni passion,

Tous deux les ravivant,
Dans le courant du temps,
Dans le courant des vents,
Par souvenirs brûlants.

Alors dans ces couchants
De soleils enflammés
De nouveau enlacés,

Et dans ce firmament
De rêves étoilés,
De nouveau partagés,

Serons toujours amants.

© Michel Hugues