Et les fenêtres nues des trains

Tu regardais par la fenêtre nue d'un train
Les champs de blé qui défilaient...
Je t'attendais, seul, sur la banquette en satin
De mes instants les plus secrets...

J'aimais les gares,
Les cafés crème
Et tes retards
Sur mes poèmes...

Le contrôleur est arrivé sans faire un bruit ;
J'avais perdu ton billet doux ! 
J'ai dû descendre et prendre un autre étreint de nuit
Pour être à l'heure au rendez-vous...

J'étais hagard
À Gare de l'Est,
Trop tôt, trop tard
Pour que tu restes...

Tu t'es sauvée par la fenêtre nue du train
Pour t'envoler, pour oublier
Ces omnibus qui, jamais, n'iront assez loin
Pour la destinée d'un billet...

Buffet de gare
Pour un express
Et le retard
De tes caresses ! 

... Je hais les gares et les fenêtres nues des trains ! 

Vincent Marie, Spleen, ed. Moitié-Mot, 1990


© Vincent Marie