Plus simple

Sûr que la vérité t’accompagne,
tu avances dans la vie
en coupant les herbes invasives.
Sans une vaine pitié, insolemment, rageusement,
silencieusement.
La terre sans
ces importunes
serait plus grande
et plus belle.

L’ennemi que tu écrases
refuse ton soleil.
Ou
tu jouis
de le penser
à terre te craignant.

Sans lui, le monde serait,
pour toi,
oui
plus simple,
soumis
à la raison
qui t’habite et
te contraint en t’exaltant
ou l’inverse.
Rassurant.

Mais pourquoi te préfères-tu borgne ?
Est-il plus facile de marcher dans l’univers en ignorant
qu’il est multiple ?
Combien d’autres soleils devras-tu
réduire encore
pour un monde à ta mesure ?

Et quand toute dissemblance sera détruite,
comment feras-tu avec
ton image
inversée dans le miroir ?
La tueras-tu aussi ?
Ou sauras-tu enfin qui tu es,
qui tu es,
qui tu hais ?
Vraiment.

Jean-Claude Morera, le 22 janvier 2014
Texte paru dans l’anthologie « Contre la haine » dirigée par Nicole Barrière

© J.-C. Morera